La Planète des singes

Introduction

Bien avant que Darwin nous apprenne que nous descendons du singe, l’homme a toujours été fasciné par ses cousins primates. Etranges animaux qui, physiquement, nous sont à la fois proches et différents, pas tout à fait bipèdes mais pas vraiment quadrupèdes, dotés de mains, utlisant même des outils, mais moins habiles que nous. Le singe, un homme raté ? Plus intelligent que les autres animaux, malin comme... un singe, son comportement peut nous faire penser qu’il ne lui manque que la parole. D’ailleurs, des chercheurs ont bien tenté de lui enseigner le langage parlé, avant de comprendre que c’est le langage des signes qui est plus approprié pour communiquer avec nous (ne passe-t-on pas de « singe » à « signe » par une simple interversion de deux lettres ?).

Les hommes confrontés au mystère bâtissent des mythes qui donnent un sens au monde. Le singe, animal mystérieux et fascinant entre tous, n’a pas échappé à la règle. Et puisque la fiction descend du mythe comme l’homme descend du singe, le vingtième siècle aussi a mis en scène des primates dans des œuvres de fiction : les singes en tant qu’animaux – songez à King Kong, ou bien aux parents adoptifs de Tarzan – mais aussi des créatures intelligentes, parfois douées de parole : Le Livre de la jungle de Kipling, L’Île du Docteur Moreau de H.G. Wells, Le Règne du gorille de Sprague de Camp et P.S. Miller en 1940, Barrière mentale de Poul Anderson. Plus près de nous, Michael Crichton met en scène des gorilles intelligents dans son roman Congo paru en 1980, et dans le film qui en a été tiré en 1994. Pour rester dans le cinéma, citons encore Mighty young Joe, Project X, Monkey shinesAménophis IV (Delcourt, 2000 et 2001) que des singes clonés et bio-améliorés sont utilisés comme main-d’œuvre sur une colonie martienne ; plus avancés que leurs concepteurs ne l’avaient prévu, ils vont développer une spiritualité, et la revendiquer par la violence lorsqu’ils rencontreront l’incompréhension et l’hostilité des hommes. Sans oublier, dans un registre plus loufoque puisqu’il s’agit du Disque-Monde de Terry Pratchett, le bibliothécaire de l’Université de l’Invisible : un orang-outang...

Mais quand on parle de singes intelligents ou de primates qui se rebellent contre les hommes, il est un titre qui vient aussitôt à l’esprit : La Planète des singes, le livre et / ou le film. En fait, c’est plutôt de saga, d’univers, qu’il faudrait parler. Quand il publia son roman en 1963, Pierre Boulle pouvait-il se douter que son récit deviendrait un best-seller grâce au film qui en serait tiré, un succès mondial du cinéma, engendrant quatre suites, une série télévisée, un dessin animé et de nombreux produits dérivés ? Puis à nouveau un film, en 2001, millésime qui n’est pas sans rappeler un autre roman et un autre film illustres dans lesquels un certain monolithe venu des étoiles donne à un groupe de primates le petit coup de pouce (opposable ?) qui les fera grimper à toute allure l’échelle de l’évolution jusqu’à dominer la planète, puis rejoindre à leur tour les étoiles.

Mais commençons par le commencement :

Page précédente Page suivante