La Planète des singes

La Conquête de la Planète des singes

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Synopsis

Image du film

Vingt ans après les événements décrits dans Les Evadés de la planète des singes, chimpanzés, gorilles et orangs-outangs sont utilisés par les humains comme main-d’œuvre et comme domestiques, sous une surveillance policière omniprésente et très stricte. Armando, le directeur d’un cirque, se rend en ville avec le fils de Cornélius et Zira, César, qu’il enjoint de ne surtout pas parler sans quoi il serait aussitôt emmené et mis à mort. César, révolté, constate que les animaux domestiques sont devenus des esclaves et qu’ils sont trop souvent maltraités. On apprend également que les chiens et les chats ont disparu de la surface de la Terre à cause d’un virus qui serait venu de l’espace, amené par Zira et Cornélius.

Lorsqu’il voit un singe injustement maltraité par des policiers, César ne peut s’empêcher de protester à voix haute. Pour protéger son singe, Armando prétend que c’est lui qui a parlé. Les policiers étant dubitatifs, Armando et César s’enfuient. Mais le saltimbanque sait qu’ils ne pourront pas mener éternellement une vie de fugitif : le seul espoir est donc d’essayer de convaincre la police que César n’est pas un singe parlant. Il laisse son chimpanzé seul et se rend. Mais Breck, le gouverneur, n’est pas convaincu par ses explications ; il soupçonne César d’être le fils de Cornélius et Zira, et par conséquent de représenter une menace pour l’humanité toute entière. D’autant qu’il y a ces derniers temps une recrudescence de désobéissance chez les singes. Breck met le suspect en garde à vue.

Ne voyant pas Armando revenir, César est obligé de se débrouiller seul pour la première fois de sa vie. Suivant les derniers conseils d’Armando, il se laisse emmener dans un centre de dressage. C’est là que les singes sont conditionnés par un système de récompense / punition ; en particulier, ils apprennent par des méthodes bien pavloviennes à craindre le mot « Non ». Confronté à ces singes domestiqués, César adopte déjà un comportement de chef. Remarqué pour ses capacités supérieures, il est mis à prix dans un « marché aux esclaves »... et acheté par Breck.

Armando meurt en essayant de s’échapper. Lorsqu’il apprend par la presse la mort de son père adoptif, César est bouleversé par le chagrin et la rage. Ivre de vengeance, il commence à inciter les siens à la révolte : ses congénères se mettent à voler des armes, déclenchent des incendies. Grâce à la « liste d’Achille », qui répertorie les singes les plus dangereux, Breck retrouve la trace de César et le fait capturer. McDonald, son adjoint, qui réprouve la manière violente dont les animaux sont traités, le fait évader (l’évasion est une constante dans les cinq films !). César lui explique qu’il veut obtenir la liberté des singes par la révolte, afin de forcer les humains à devenir bons. Mais il est repris par les forces de l’ordre. Torturé, il parle pour mettre fin à ses souffrances. Il doit mourir, mais McDonald l’aide à nouveau à s’évader tout en faisant croire à Breck que le singe parlant a été exécuté selon ses ordres.

Cette fois, César lance la grande offensive contre les humains. Il fait libérer des singes emprisonnés ; les révoltés prennent les armes. Breck déclare l’état d’urgence. Dans les rues, des affrontement opposent les rebelles aux forces de l’ordre, mais ces dernières sont dépassées et perdent le contrôle de la situation.

Breck est fait prisonnier. Il explique à César les raisons de sa crainte des singes : le singe représente la bête qui est en l’homme. César décrit à McDonald le futur de l’humanité : les singes vont s’insurger partout dans le monde ; puis, un jour, les hommes s’auto-détruiront, et les singes deviendront les maîtres de la planète. McDonald convainc César qu’il ne doit pas exterminer les hommes, auquel cas il se montrerait pire que ceux qu’il combat. César décide donc qu’il dominera l’homme avec pitié et compréhension, sans désir de vengeance.

C’est dans une ville en proie aux flammes, au milieu des siens, que César annonce « la naissance de la planète des singes ».

Commentaires

On pourrait reprocher à La Conquête de la planète des singes nombre de défauts. Un manque de crédibilité, notamment. La situation (omniprésence des singes, et même début de la rébellion passive par des actes de désobéissance) a évolué trop rapidement en l’espace de vingt ans : dans Les Evadés de la planète des singes, Cornélius parlait de siècles, pas de deux décennies. De plus, les singes semblent se rebeller devant la seule présence de César : la prise de conscience des esclaves n’est pas très crédibles. La réalisation, quant à elle, s’avère médiocre : budget restreint oblige, toute l’action se déroule dans la même ville, on n’a aucunement l’impression que la prise de pouvoir des singes va concerner l’humanité tout entière. Si les maquillages sont toujours aussi réussis, on voit aussi de vrais singes pour figurer les singes non domestiqués ; malheureuse initiative qui met en évidence le fait que les singes évolués ne sont que des humains maquillés.

Ces défauts sont réels, gênants. N’empêche... Tout le film baigne dans une ambiance de dystopie affirmée et réussie. Le décor urbain est inhumain, froid, aseptisé. L’omniprésence des forces de l’ordre (des sortes de miliciens en uniforme noir) et de la surveillance fait bien ressentir que l’on est dans un état policier. Il y a beaucoup de violence, les scènes d’interrogatoire et de torture mettent mal à l’aise. Le film s’est visiblement inspiré de l’histoire américaine récente (entendez, récente pour l’époque du tournage, 1972), principalement le problème des droits civiques pour les afro-américains, mais aussi le maccarthysme (la liste d’Achille de Breck n’est pas sans évoquer les listes noires utilisées au cours des années 1950 pour la chasse aux communistes). La musique, si elle n’est pas aussi réussie que celle de Jerry Goldsmith, rappelle par moment la bande son de La Planète des singes, contribuant ainsi à l’ambiance angoissante.

Pris tel quel, La Conquête de la planète des singes constitue donc un divertissement tout à fait honnête. Mais son intérêt réside également en tant qu’épisode s’inscrivant dans la série des cinq films. Le spectateur assiste à la formation du monde qu’il a découvert dans les deux premiers opus, et au début des événements qui ont été prédits dans le troisième (la dernière phrase, prononcée par César, annonce explicitement la naissance de « La planète des singes »). C’est en s’inscrivant dans la saga que la noirceur de La Conquête de la planète des singes, son fatalisme pessimiste envers la nature et l’avenir de l’humanité, prend toute son ampleur.

Fiche technique

Film de : J. Lee Thompson - 1972 (1h28)

Scénario : Paul Dehn

Effets spéciaux : John Chambers (maquillages)

Interprètes : Roddy McDowall (César), Don Murray (Gouverneur Breck), Natalie Trundy (Lisa), Hari Rhodes (MacDonald), Severn Darden (Kolp, inspecteur de la sureté d’état), John Randolph (président de la commission), Asa Maynor (Mrs. Riley), H.M. Wynant (Inspecteur Hoskyns), David Chow (Aldo), Buck Kartalian (Frank, le gorille), John Dennis (policier), Paul Comi (policier), Joyce Haber (Zelda), Hector Soucy (le singe enchaîné), Ricardo Montalban (Armando)

Dans les coulisses

Né en 1914, J. Lee Thompson a réalisé une cinquantaine de films (écrivant pour certains le scénario), et notamment les deux derniers Planète des singes.

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