La Planète des singes

La Bataille de la Planète des singes

Affiche du film

Synopsis

Quelque part en Amérique du Nord, en 2670. Un orang-outang enseigne à une assemblée l’histoire des hommes et des singes : les hommes ayant trahi la confiance de Dieu en s’en prenant à eux-mêmes et aux animaux, le Créateur leur a envoyé un Sauveur, César, le descendant de singes venus du futur, qui a conduit les singes vers un havre de paix après la guerre nucléaire.

Ce préambule nous ramène vingt-cinq ans après La Conquête de la planète des singes, dans les années 2015/2020. Singes et hommes vivent dans un village sous la direction de César. Les hommes se trouvent dans une situation de domination / coopération, et leur situation est précaire, surtout vis-à-vis des gorilles qui leur sont franchement hostiles. D’ailleurs, c’est en prononçant accidentellement le mot tabou « Non » que l’instituteur humain voit sa classe saccagée par le leader des gorilles, Aldo.

Lorsque César confie à McDonald (le personnage du film précédent) et à Virgile, un sage orang-outang, qu’il désirerait voir une image de ses parents qu’il n’a jamais connus, l’humain lui révèle qu’il existe des enregistrements de ces derniers dans les ruines de la cité morte. César part donc en expédition avec McDonald et Virgile. Dans la cité morte, César entend donc le futur prédit par Cornélius. Mais les intrus sont repérés par des hommes qui ont survécu à la guerre nucléaire, des humains dégénérés commandés par le gouverneur Kolp. César, McDonald et Virgile prennent la fuite, ignorant qu’ils sont suivis par un soldat de Kolp, révélant ainsi la position de leur village. Kolp décide de prendre la tête d’une expédition guerrière pour exterminer les singes.

Pendant ce temps, le gorille Aldo fomente un complot contre César et contre les humains. Cornélius, le jeune fils de César, surprend l’assemblée des gorilles. Il meurt en essayant de s’enfuir. Fou de douleur, César reste chez lui, prostré. Aldo en profite : lorsqu’il apprend qu’une armée se dirige vers le village, il fait enfermer les humains, organise la défense, et prend place sur le trône (« César n’est pas là », affirme-t-il posément). Alors que la situation tourne au désavantage des singes, César se ressaisit, et par la ruse il met en déroute les assaillants.

Le danger écarté, César est confronté à Aldo qui refuse que les humains soient libérés. Mais César apprend que le gorille est responsable de la mort de son fils. Si Aldo a brisé le tabou (« Un singe ne doit pas tuer un singe »), plus rien n’interdit sa mise à mort. A la suite de cela, McDonald parvient à convaincre César que la mise sous tutelle des humains doit prendre fin. Paradoxalement, c’est donc la brutalité de Aldo qui a mis les singes et les humains sur un pied d’égalité. Désormais, les deux races vivront en égales.

Retour en 2670 : le narrateur a terminé son histoire. Nous constatons alors que l’assemblée est constituée d’humains et de singes qui vivent en parfaite harmonie, ce que l’on ne savait pas au début (une chute un tout petit peu dans l’esprit du film de Schaffner, donc). Tout danger est-il écarté pour autant ? « Qui connaît l’avenir ? », s’interroge le narrateur : « Peut-être les morts », conclut-il en regardant la statue de César qui domine l’assemblée.

Commentaires

Les mêmes commentaires que pour La Conquête de la planète des singes pourraient s’appliquer ici. Le film manque d’envergure (il faut dire que le budget a diminué à chaque épisode, alors que les moyens nécessaires grandissaient pour les deux derniers opus) ; la bataille finale entre les humains dégénérés et les villageois, notamment, ressemble presque à une simple échauffourée. Ici encore, la situation a évolué trop rapidement en vingt-cinq ans : alors que dans La Conquête de la planète des singes, César était l’unique singe parlant (certes, à la fin du film les autres singes apprenaient à dire « Non »), au début de La Bataille... tous les singes maîtrisent parfaitement le langage (ces pauvres gorilles s’exprimant toutefois de manière un peu rustre...). Sans doute est-ce pour conserver le héros du film précédent, César, dans un louable souci d’identification du spectateur, que le temps a été ainsi comprimé.

En revanche, La Bataille de la planète des singes constitue une belle fin pour la saga. Les deux premiers films avaient dépeint le sombre destin de l’humanité, puis des singes eux-mêmes (le vers était dans tous les fruits). Les deux suivants nous avaient plongé dans un sentiment d’impuissance en nous montrant l’inéluctable ascension des singes en tant que maîtres de la planète et des humains. Le script initial de La Bataille de la planète des singes était dans la même inspiration pessimiste. Mais c’est finalement une tout autre voie qui a été choisie par les scénaristes.

Tout au long du film, on sent que l’humanité marche sur une corde raide. L’équilibre est précaire entre les deux races, les humains vivent dans une semi-liberté qu’ils peuvent perdre à tout moment pour une simple maladresse (dire « Non » à Aldo, comme on le voit au début du film). Le moment où les humains sont enfermés par les gorilles préfigure les terribles scènes des deux premiers films dans lesquelles on voit des hommes redevenus primitifs enfermés dans des cages comme des bêtes. César lui-même, à la fin, hésite un peu avant d’accorder liberté et confiance aux « ennemis héréditaires«  ».

A la fin, au dernier moment, c’est donc tout le fatalisme qui sous-tend la série qui vole en éclat : alors que le passé s’apprête à rejoindre le sombre futur de l’humanité dans une boucle parfaite, César dévie la marche du destin. Six siècles plus tard, il est manifeste que le sage chimpanzé a pris la bonne décision. Dans Les Evadés de la planète des singes, Cornélius racontait comment un gorille, Aldo, héros vénéré par tous les singes de son époque, avait mené son peuple à la révolte en disant, le premier, « Non » à un être humain. En revenant dans le passé, Cornélius et Zira ne se doutaient pas qu’ils allaient changer l’Histoire. Car c’est finalement leur fils, César, qui non seulement a mené les singes à la liberté, mais en plus a réconcilié les deux peuples ennemis. A la fin, c’est César qui est représenté en statue et révéré, et non l’orang-outang que l’on connaissait dans les deux premiers films sous le nom de Grand Législateur. Mieux : le sage roi extirpe, définitivement semble-t-il, le mal qui est dans l’homme et dans le singe : s’inspirant du mythe biblique, la toute première scène évoque un paradis originel dans lequel hommes et animaux vivaient en harmonie, jusqu’à ce que l’homme trahisse la confiance de Dieu ; à la fin, on voit hommes et singes à nouveau en paix dans un décor édénique, et le ver semble extirpé du fruit, pour toujours.

La saga de la planète des singes s’achève sur un paradoxe temporel aussi inattendu que beau et apaisant. Malgré tous les défauts que l’on peut trouver aux films, il faut reconnaître que le procédé est efficace. C’est sans doute ce qu’il faut retenir de la série : non pas des films qui, pris indépendemment, sont de facture assez moyenne (sauf le premier, bien entendu !), mais un cycle à considérer dans son ensemble.

Fiche technique

Film de : J. Lee Thompson - 1973 (1h33)

Scénario : Paul Dehn, John William Corrington, Joyce Hooper Corrington

Effets spéciaux : Gerald Endler

Interprètes : Roddy McDowall (César), Claude Akins (Général Aldo), Natalie Trundy (Lisa, la femme de César), Severn Darden (Gouverneur Kolp), Lew Ayres (Mandemus, gardien de l’armurerie), Paul Williams (Virgil), Austin Stoker (MacDonald), Noah Keen (Abe, l’enseignant), Richard Eastham (le capitaine mutant), France Nuyen (Alma), Paul Stevens (Mendez), Heather Lowe (Docteur), Bobby Porter (Cornélius, fils de César), John Huston (le Législateur)

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